News — 01 April, 2014
A week in Lubumbashi (DRC)
Lundi 17 mars 2014 après-midi : je monte dans un avion en direction de Lubumbashi, dans le sud de la République Démocratique du Congo (RDC). Le but de mon séjour d’une semaine est de cartographier, avec Médecins Sans Frontières Royaume-Uni (MSF-UK) et des étudiants de l'Université de Lubumbashi, l’ensemble ou au moins la plus grande partie possible de la ville de Lubumbashi.
HOT avait déjà soutenu des projets par le passé en RDC, notamment une activation à distance dans l'est de la RDC et la construction d'une communauté OSM à Kinshasa soutenue par Claire Halleux depuis un peu plus d’un an (voir son post de blog), mais ce projet OSM est le premier dans le sud de la RDC. L'objectif pour la semaine à Lubumbashi est la collecte de données sur le terrain à travers des Field Papers : de belles cartes imprimées que vous pouvez télécharger et partager. En plus, la création d'une communauté OpenStreetMap locale est aussi un des ambitieux objectifs de ma mission.
OpenStreetMap pour des raisons épidémiologiques
L'année dernière, MSF-UK a contacté le Humanitarian OpenStreetMap Team (HOT) pour améliorer la carte de Lubumbashi afin de pouvoir rattacher les cas de choléra à leur rue de résidence. Ce positionnement géographique devrait pouvoir aider MSF-UK à cibler leurs interventions dans la lutte contre l'épidémie de choléra et gagner ainsi en efficacité.
Immédiatement après mon arrivée, Ivan Gayton (de MSF-UK) et moi avons pu rencontrer M. Asumani Salimini, chef de département de géographie de l'Université de Lubumbashi et cinq post gradués en géographie (Sangwa, Scot, John, Elias et Steve) qui allaient tenir un rôle important au cours de notre semaine de cartographie. La journée du lendemain a démarré sur une introduction théorique à OpenStreetMap, suivie l'après-midi par notre première collecte sur le terrain avec des Field Papers ! Peu à peu, les participants ont commencé à acquérir la procédure à suivre pour cartographier avec des Field Papers, des appareils GPS et OsmAnd installé sur des smartphones. A la fin de notre deuxième journée notre équipe de base était prête à être élargie! Petit à petit l'équipe a grandi et grandi, les derniers jours, nous avons même eu 17 cartographes à part entière pour collecter des données à travers tout Lubumbashi!
Sur le terrain nous nous sommes surtout focalisés sur les noms de rues, les noms de quartiers et les infrastructures principales, parce que c'est ce qui était le plus important pour MSF dans ses efforts de localisation ses patients pour ensuite pouvoir faire des analyses épidémiologiques. Cette tâche de collecter les données sur le terrain n’est pas toujours si simple. Il faut souligner qu’il n’est pas toujours évident d’identifier les noms de rues, souvent il n’existe pas de nom officiel. Alors discuter avec les résidents pour identifier les noms usuels constitua une partie importante de la collecte des données. Parfois, la rue est nommée en référence à un commerce ou à une personne en particulier. Par conséquent, certaines rues ont été baptisées en référence à une activité importante effectuée dans cette rue ou selon le nom d’une famille spécifique vivant depuis longtemps dans celle-ci. Comme par exemple la rue passant à côté de l’echoppe d’une dame qui produit de l’alcool, cette rue s’appelle désormais "Rue de la Brasserie" !
OpenStreetMap une communauté mondiale !
La collecte locale des données n'était pas la seule chose en cours ! En préparation de cette activité à Lubumbashi, une cartopartie avait été organisée à Berlin par Shoiab Burq, Kashif Rasul et Leo Tremblay. Grâce à celle-ci, le réseau routier de Lubumbashi avait déjà presque été entièrement cartographié avant mon arrivée en RDC, et cela a été d’une grande aide pour démarrer notre travail avec les Field Papers sur le terrain.
En plus de ce travail préparatoire, nous avons aussi eu lors de notre semaine de cartographie un immense soutien de contributeurs à distance de partout dans le monde ! Pierre Béland et Andrew Buck ont assuré la coordination du travail à l’aide du Gestionnaire de tâches et nous ont fourni leur support de diverses façons. Par exemple, ils ont converti des données OSM au format OsmAnd, cela permettant de naviguer dans les rues à l’aide de nos téléphones Android ; ils ont organisé des discussions sur Mumble entre les contributeurs locaux et à distance et ils ont également aidé à mettre en place le processus de traitement des Field Papers. Cela était très stimulant, autant pour les contributeurs à distance que pour nous sur le terrain !
Mais ce n’était pas tout ! Le moment où les communautés togolaise, burkinabée et sénégalaise ont commencé à nous aider avec leurs cartoparties locales, m'a vraiment donné des frissons ! Est-ce que ce n’est pas cool, ça? Une collaboration sud-sud et une magnifique preuve que le développement de communautés locales OSM en Afrique, projet principalement initié par Nicolas Chavent et Séverin Ménard, fonctionne de manière efficace ! Au début, cette idée d’une grande communauté OSM était difficile à comprendre pour nos cartographes à Lubumbashi, mais petit à petit, avec les photos des cartoparties réalisées en Hongrie, au Togo et au Burkina Faso, ils ont vraiment commencé à comprendre ce qu’est OpenStreetMap !
Même si mon sejour a été vraiment de courte durée, cette semaine aura eu à mon avis puissante ! Pendant que la communauté locale cartographiait les quartiers de Katuba, Kenya, Camp des assistants, Kalebuka, Kasungami, Njanja, Salama et Kamalondo sur le terrain, la communauté internationale a obtenu les résultats qui suivent. En seulement quatre jours (19-23 mars), plus de 60 contributeurs de partout dans le monde ont participé à la réalisation des tâches mises en place dans le gestionnaire de tâches. De cette façon, 106 000 objets ont été ajoutés en 4 jours, incluant 15 500 bâtiments et 700 segments de rue. Ensemble avec le travail du terrain, nous pouvons considérer cela comme une collaboration immense dans l'histoire d’OpenStreetMap !
Peut-être que ce modèle de collaboration pourra même devenir un exemple dans le futur, en vue d’une collaboration plus étroite entre MSF et HOT? Comme par exemple ce que nous faisons maintenant pour la Guinée, mais aussi pour les pays comme la République centrafricaine, le Burundi, le Tchad, le Bangladesh et le Cambodge, la collaboration entre MSF et HOT peut conduire à des résultats intéressants à mon avis ! Parmi les bons résultats de cette collaboration, il y a aussi le fait que nous pouvons aujourd’hui compter sur une nouvelle communauté OSM, capable de contribuer à d'autres projets de cartographie dans d'autres régions.
Et maintenant ?
Une seule question importante subsiste encore : vont-ils, sur le terrain, continuer à contribuer à OpenStreetMap ? Est-ce qu’une semaine de collaboration intense sur place a été suffisante pour établir une communauté OSM durable à Lubumbashi ? Je crois que c'est réellement possible ! Nous avons fait un bon démarrage et même si la ligne entre faire du bénévolat et un poste rémunéré était parfois mince pour les étudiants, je crois que l'engagement que les étudiants ont montré au cours de la semaine, a été très précieux ! OpenStreetMap possède une valeur forte, non seulement pour MSF sur le terrain, mais aussi pour les étudiants et les citoyens de Lubumbashi eux-mêmes.
Après cette semaine, il n’y a pas encore une équipe OSM Lubumbashi pleinement opérationnelle, mais je crois fortement que notre équipe a compris la valeur du projet OpenStreetMap pour leur vie personnelle. Un de nos cartographes, Marc Mashawu, écrit par exemple sur sa page Facebook :
"La toute première cartographie de Lubumbashi depuis le départ des belges. Il sera possible de parcourir la ville à l'aide du GPS ou de son Android Phone. Ma participation à ces travaux est mon grand apport pour ce pays."
Mais même pour la communauté internationale, cette mission n'est pas encore terminée. Vous pouvez toujours contribuer à renforcer cette communauté locale toute neuve ! Ils ont besoin de vous !
- Beaucoup de Field Papers doivent encore être numérisés : https://wiki.openstreetmap.org/wiki/Lubumbashi
- Vous pouvez également encore contribuer à certaines tâches pour faciliter leurs prochaines cartographies sur le terrain : http://tasks.hotosm.org/job/460 & http://tasks.hotosm.org/job/459
- Et vous pouvez les encourager sur la page Facebook d’OpenStreetMap RDC ! https://www.facebook.com/OpenStreetMap.RDC